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LES 500 MILLIONS DE LA BÉGUM

— Soit ! s’écria le docteur. On s’arrangera pour être en mesure de lui répondre. Pensez-vous, colonel, qu’il y ait un moyen de résister aux canons de Stahlstadt ?

— Toute force humaine peut être efficacement combattue par une autre force humaine, répondit le colonel Hendon, mais il ne faut pas songer à nous défendre par les mêmes moyens et les mêmes armes dont Herr Schultze se servira pour nous attaquer. La construction d’engins de guerre capables de lutter avec les siens exigerait un temps très-long, et je ne sais, d’ailleurs, si nous réussirions à les fabriquer, puisque les ateliers spéciaux nous manquent. Nous n’avons donc qu’une chance de salut : empêcher l’ennemi d’arriver jusqu’à nous, et rendre l’investissement impossible.

— Je vais immédiatement convoquer le Conseil », dit le docteur Sarrasin.

Le docteur précéda ses hôtes dans son cabinet de travail.

C’était une pièce simplement meublée, dont trois côtés étaient couverts par des rayons chargés de livres, tandis que le quatrième présentait, au-dessous de quelques tableaux et d’objets d’art, une rangée de pavillons numérotés, pareils à des cornets acoustiques.

« Grâce au téléphone, dit-il, nous pouvons tenir conseil à France-Ville en restant chacun chez soi. »

Le docteur toucha un timbre avertisseur, qui communiqua instantanément son appel au logis de tous les membres du Conseil. En moins de trois minutes, le mot « présent ! » apporté successivement par chaque fil de communication, annonça que le Conseil était en séance.

Le docteur se plaça alors devant le pavillon de son appareil expéditeur, agita une sonnette et dit :

« La séance est ouverte… La parole est à mon honorable ami le colonel Hendon, pour faire au Conseil civique une communication de la plus haute gravité. »

Le colonel se plaça à son tour devant le téléphone, et, après avoir lu l’article du New-York Herald, il demanda que les premières mesures fussent immédiatement prises.

À peine avait-il conclu que le numéro 6 lui posa une question :

« Le colonel croyait-il la défense possible, au cas où les moyens sur lesquels il comptait pour empêcher l’ennemi d’arriver n’y auraient pas réussi ? »

Le colonel Hendon répondit affirmativement. La question et la réponse étaient parvenues instantanément à chaque membre invisible du Conseil comme les explications qui les avaient précédées.