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le volcan d’or.

qu’ils faisaient leur maigre cuisine, et qu’ils vaquaient, à la vue de tous, aux soins de leur toilette et de leur ménage.

Ben Raddle avait pu retenir deux places dans une des cabines de l’arrière. Elle en contenait une troisième occupée par un Norvégien, nommé Royen, qui possédait un claim sur la Bonanza, l’un des affluents du Klondike. C’était un homme paisible et doux, hardi et prudent à la fois, de cette race scandinave qui obtient le succès par l’opiniâtreté d’un lent effort. Originaire de Christiana, après avoir passé l’hiver dans sa ville natale, il retournait à Dawson City. Compagnon de voyage peu communicatif et, en somme, peu gênant.

Il était heureux pour les deux cousins qu’ils n’eussent pas à partager la cabine du Texien Hunter. D’ailleurs, l’eussent-ils voulu, ce partage eût été impossible. Hunter avait réussi à retenir, à coups de dollars, une cabine de quatre places pour son compagnon et lui. C’est en vain que plusieurs passagers avaient prié ces grossiers personnages de leur céder les deux places vacantes. Ils en avaient été pour un brutal refus.

On le voit, ce Hunter et ce Malone — ainsi se nommait l’acolyte du Texien — ne regardaient pas au prix. Ce qu’ils gagnaient à l’exploitation de leur claim, ils étaient gens à le dépenser en folles prodigalités, à le jeter par poignées sur des tables de baccarat ou de poker. Nul doute qu’ils ne fissent, au cours du voyage, de longues stations dans le salon de jeu du Foot Ball.

Sorti dès six heures du matin du port et de la baie de Vancouver, le Foot Ball prit direction à travers le canal, afin d’en gagner l’extrémité septentrionale. À partir de ce point, le plus souvent à l’abri des îles de la Reine Charlotte et du Prince de Galles, il n’aurait qu’à remonter à petite distance le long de la côte américaine.

Au cours de ces six journées de navigation, les passagers de l’arrière ne pourraient guère quitter la dunette qui leur était réservée. Pour varier leur promenade, ils ne devaient pas