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le volcan d’or.

Le navire qui s’avançait à coups de sifflet stridents était le Smyth, bâtiment de 2500 tonnes, qui venait de faire toutes les escales de la côte, depuis le port mexicain d’Acapulco. Spécialement affecté au service du littoral, il allait redescendre vers le Sud, après avoir déposé à Vancouver ses passagers, qui en augmenteraient encore l’encombrement.

À peine le Smyth eut-il accosté le ponton, que son chargement humain se porta d’un même mouvement vers la coupée. En un clin d’œil, ce fut une cohue, gens et choses enchevêtrés de telle sorte que personne, à vrai dire, ne semblait plus pouvoir passer.

En tous cas, tel n’était pas l’avis de l’un des passagers, qui se démenait furieusement pour être le premier à terre. Sans doute, celui-ci était un habitué et savait combien il était essentiel de s’inscrire avant les autres au bureau des départs pour le Nord. C’était un gaillard de forte taille, brutal et vigoureux, la barbe noire et drue, le teint hâlé des hommes du Sud, le regard dur, la physionomie méchante, l’abord antipathique. Un autre passager l’accompagnait, de même nationalité à en juger par son apparence, et qui ne semblait ni plus patient ni plus sociable que lui.

La hâte des autres était, probablement, aussi grande que celle de ce passager impérieux et bruyant. Mais le moyen de devancer cet énergumène, qui jouait des coudes, sans tenir aucun compte des injonctions des officiers et du capitaine, et repoussait ses voisins, en les insultant d’une voix rauque, qui accentuait la dureté de ses injures, proférées moitié en anglais, moitié en espagnol.

« By God ! s’écria Summy Skim, voilà ce qu’on peut appeler un agréable compagnon de route, et, s’il doit prendre passage à bord du Foot Ball

— Bah ! pour quelques jours de traversée seulement, Ben Raddle, nous saurons bien nous tenir ou le tenir à l’écart. »

À ce moment un curieux, qui se trouvait auprès des deux cousins, s’écria :