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en route.

C’est en vain que Ben Raddle essaya de réveiller l’attention du copropriétaire de Green Valley.

« Tu ne remarques pas, Summy, suggéra-t-il, avec quelle perfection toute cette contrée est cultivée ?..

— Ah ! fit mollement Summy Skim.

— Et quelles immenses prairies elle possède. Les buffles y fréquentent, dit-on, par milliers. Voilà une belle chasse, Summy !..

— Assurément, concéda Summy Skim sans la moindre aménité, j’aimerais mieux passer ici six mois, et même six ans, que six semaines au Klondike.

— Bah ! s’il n’y a pas de buffles aux environs de Dawson City, répliqua Ben Raddle en riant, tu te rattraperas sur les orignals. »

Regina City dépassée, le train se dirigea vers la Crow New Pass des Montagnes Rocheuses, puis vers les frontières de la Colombie britannique, après avoir stationné pendant quelques heures à Calgary City.

C’est de cette ville que se détache, vers Edmonton, où cesse la ligne ferrée, un embranchement que prennent quelquefois les émigrants pour se rendre au Klondike. En passant par Peace River et Fort Saint-John, puis par Dease, Francis et Pelly Rivers, cette route relie le nord-est de la Colombie au Yukon à travers le district de Cassiar, si célèbre au point de vue cynégétique. C’est une route de chasseurs, que Summy Skim eût certainement préférée s’il avait été là pour son plaisir. Mais, difficile et longue, elle oblige le voyageur à des ravitaillements fréquents, sur un parcours qui excède deux mille kilomètres. Il est vrai, cette contrée est particulièrement aurifère ; on peut laver dans presque tous ses cours d’eau. Malheureusement, elle est dénuée de ressources, et ne deviendra praticable que le jour où le gouvernement canadien y aura établi des relais de quinze en quinze lieues.

Pendant la traversée des Rocheuses, il fut loisible aux voyageurs d’entrevoir ces montagnes orgueilleuses éternellement