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le volcan d’or.

Et la main de Summy se tendait vers le Sud-Est, dans la direction approximative du cher et lointain Montréal.

D’un commun accord, Ben Raddle et le Scout avaient adopté pour le retour un nouvel itinéraire. Au lieu de faire un crochet dans l’Est, de manière à passer par Fort Mac Pherson, on marcherait au Sud en ligne droite. Ainsi la route serait sensiblement raccourcie. Quant à l’eau, on n’avait pas à craindre d’en manquer dans cette région sillonnée de creeks, surtout quand on serait à proximité des sources de la Porcupine River.

Vers la fin du premier jour de marche, l’attention des conducteurs fut attirée par de nombreuses crevasses dont la terre était couturée. Il fallait faire d’incessants détours qui diminuèrent dans une notable proportion le chemin utile parcouru. Si cet inconvénient persistait, on serait dans l’obligation d’obliquer à droite ou à gauche jusqu’à ce qu’on eût trouvé un sol plus propice au roulage.

Heureusement, après quelques kilomètres, la situation se modifia favorablement. Les sillons plus profonds se firent en même temps plus rares. Ils semblaient se réunir par degrés, les uns aux autres, de telle sorte qu’il ne resta bientôt qu’un petit nombre de crevasses agrandies dont chacune totalisait celles qui avaient contribué à la former.

Cette loi se poursuivit jusqu’au bout avec une rigueur mathématique. À soixante kilomètres du Golden Mount, il n’en existait plus qu’une seule, mais d’une telle taille que le nom de ravin lui eût mieux convenu. Cette cassure, profonde de quinze mètres, large de soixante, aux bords déchiquetés comme à la suite d’un violent arrachement, courait du Nord au Sud avec quelques degrés de déviation vers l’Ouest. Elle paraissait donc se diriger presque exactement vers Dawson City, et la caravane n’eut qu’à suivre son bord oriental pour ne pas s’écarter d’une droite géométrique.

Cette circonstance singulière était naturellement l’objet des