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où l’on se fait sauter.

n’avaient sans doute pas eu le temps de se garer. Peut-être le plateau s’était-il effondré sous leurs pieds… Peut-être avaient-ils été engloutis dans le cratère ?.. Peut-être, projetés dans l’espace, brûlés, mutilés, gisaient-ils maintenant dans les profondeurs de l’océan Polaire ?

Ben Raddle fut le premier à retrouver le sang-froid.

— Venez !.. venez ! » s’écria-t-il.

À sa suite, on remonta la rive droite du Rubber qui fut passé à gué au delà du canal, et l’on s’élança dans la plaine en suivant la base du Golden Mount. Vingt minutes plus tard, on parvenait au campement des Texiens.

Les cinq ou six hommes qui y étaient restés de garde s’enfuirent vers la forêt, en se voyant assaillis à leur tour, tandis que les chevaux, épouvantés par le fracas de l’éruption et par la détonation des armes à feu, achevaient de se disperser à travers la prairie.

Les Canadiens prirent possession du campement déserté par ses défenseurs, puis leurs regards se portèrent sur les flancs abrupts de la montagne.

L’éruption qui grondait là-haut avait, en effet, accompli son œuvre destructrice. De la troupe des pirates, il ne restait que de rares survivants, qui, en proie à un affolement bien naturel, dévalaient les pentes du Golden Mount et se laissaient glisser au risque de se rompre bras et jambes.

Parmi eux, on aperçut Hunter, grièvement blessé et se traînant à peine, à une centaine de mètres au-dessus de la plaine. Les linges qui enveloppaient sa tête cachaient sans doute les traces de sa chute de l’avant-veille dont le contre-coup l’avait plongé dans un si profond évanouissement.

En voyant leur camp envahi, les malheureux, décimés, sans armes, éperdus, eurent un geste de désespoir, et, biaisant vers le Nord, s’efforcèrent d’atteindre le rivage de la mer afin de le suivre jusqu’à la forêt.