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le volcan d’or.

nations. Le volcan, secoué d’une rage toute fraîche, crachait vers le ciel des milliers de projectiles incandescents. Les uns retombaient dans la gueule béante qui les avait vomis. Les autres, suivant le chemin frayé par le premier effort de l’énergie plutonique, allaient s’engloutir en sifflant dans les flots de l’océan Arctique.

« Mais… Dieu me pardonne !.. balbutia Summy Skim dès que l’excès de son émotion lui permit d’articuler, c’est dans la mer qu’elles vont, nos pépites !

Cette réflexion, si Ben Raddle et Bill Stell ne l’avaient pas faite avant lui, c’est qu’ils n’étaient pas capables de prononcer une parole. La surprise, le désespoir plutôt les accablait.

Avoir entrepris ce voyage, être entré en lutte avec la nature, tant d’efforts, tant de peines, pour en arriver là !

Ben Raddle ne s’était pas trompé. En introduisant les eaux dans la cheminée volcanique, il avait, ainsi qu’il le pensait, provoqué l’éruption. Mais, cette éruption, il n’avait pas le pouvoir de la diriger, et la campagne finissait par un désastre.

Le monstre qu’il avait lâché échappait désormais à sa volonté. Rien n’aurait pu calmer l’éruption qui faisait rage. Le sol tremblait comme prêt à s’entr’ouvrir. Le mugissement des flammes, le sifflement des vapeurs faisaient vibrer l’espace. Le cône terminal avait disparu derrière un rideau de fumées brûlantes et de gaz irrespirables. Quelques-uns des blocs projetés dans les airs éclataient comme des bombes et s’éparpillaient en poudre d’or…

« Nos pépites qui éclatent !.. gémissait Summy Skim.

Tous regardaient épouvantés cet effrayant spectacle.

Ils ne songeaient guère aux Texiens en ce moment, mais seulement à ces richesses du plus prodigieux gisement du monde qui se perdaient inutiles dans les eaux de la mer Glaciale.

La caravane, il est vrai, n’avait plus rien à redouter de Hunter et de sa bande. Surpris par la soudaineté du phénomène, ils