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le volcan d’or.

barrage, c’était Jane Edgerton, toute petite tache dans la vaste étendue, Jane Edgerton que Summy peut-être avait tuée !

Cependant, en voyant tomber son chef, la bande de Hunter s’était élancée en désordre hors de l’abri de la montagne. Il n’en fallut pas plus pour rendre leur sang-froid aux Canadiens. Une pluie de fer contraignit les bandits à reculer et leur prouva que la plaine leur était désormais interdite.

Par malheur, ce qui était vrai pour les uns l’était aussi pour les autres. Si les tireurs de Ben Raddle, auxquels étaient venus se joindre, le Scout et ses compagnons, étaient en état de défendre aux Texiens de s’écarter du volcan, ceux-ci pouvaient, de leur côté, s’opposer à ce que les Canadiens quittassent l’épaulement bordant le canal reconquis. La plaine, en réalité, était impraticable pour les deux partis.

Il ne semblait pas qu’il y eût de remède à cette situation. Les Canadiens ne pouvaient montrer leur tête au-dessus de l’épaulement sans être salués d’une grêle de coups de feu, ils commençaient à s’énerver et Ben Raddle redoutait que des imprudences ne fussent commises. Summy Skim, si calme tout à l’heure, se faisait particulièrement remarquer par sa violente surexcitation. Voir Jane Edgerton étendue et comme morte à moins de trente mètres de lui et ne pouvoir la secourir, cela l’affolait. Il fallut le retenir par la force et lutter contre lui pour l’empêcher de courir à la barricade, d’en jeter bas les pierres et de braver la mort qui le guettait au delà.

« Allons-nous la laisser mourir ?.. Nous sommes des lâches ! criait-il hors de lui.

— Nous ne sommes pas des fous, voilà tout, répliqua sévèrement Ben Raddle. Tiens-toi tranquille, Summy, et donne-nous le temps de réfléchir. »

Mais l’ingénieur eut beau réfléchir, son esprit, pourtant inventif, ne lui fournit aucune solution satisfaisante du problème, et la situation menaçait de s’éterniser.