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le volcan d’or.

Les deux chasseurs s’éloignèrent rapidement, tandis que leur chien gambadait autour d’eux en aboyant.

En somme, les excursions faites par Summy Skim aux approches de Dawson City ou dans le voisinage de Forty Miles Creek ne lui avaient procuré, si l’on en excepte les trois ours abattus, dont deux dans une circonstance assez mémorable, que du menu fretin : grives, grouses, perdrix ou autres bestioles du même genre. Aussi exultait-il à la pensée de tenir bientôt au bout de son fusil un plus noble gibier.

L’orignal est un élan à la tête parée de magnifiques andouillers. Autrefois très commun dans la contrée arrosée par le Yukon et ses tributaires, ce ruminant, jadis à demi domestique, s’est dispersé depuis la découverte des claims du Klondike et s’est réfugié sous des latitudes plus septentrionales, où il tend à retourner à l’état sauvage.

On ne l’approche plus que difficilement, et on ne l’abat que dans des circonstances très favorables. C’est grand dommage, car sa dépouille est précieuse, et sa chair excellente est estimée à l’égal de celle du bœuf.

Summy Skim n’ignorait pas combien la défiance de l’orignal est aisément excitée. Cet animal est doué d’une façon remarquable sous le triple rapport de l’ouïe, de l’odorat et de la vitesse. À la moindre alerte, en dépit de son poids qui peut atteindre jusqu’à cinq cents kilos, il se dérobe avec une telle rapidité que toute poursuite devient inutile. Les deux chasseurs prirent donc les plus minutieuses précautions pour arriver à portée de fusil.

Le troupeau des ruminants, alors arrêté sur la lisière de la forêt, était par conséquent éloigné d’une lieue et demie environ.

Quelques bouquets d’arbres se dressaient çà et là, et il était possible, à la rigueur, pour franchir une partie du parcours, de se glisser, ou, pour mieux dire, de ramper de l’un à l’autre sans donner l’éveil. Mais, dans le voisinage de la lisière, il n’en serait