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le volcan d’or.

pas devenir fou. Tant de fatigues subies, tant de dangers courus, pour n’arriver qu’à une désillusion !..

Enfin, un peu avant midi, l’atmosphère s’éclaircit. Le globe rouge du soleil s’estompa vaguement dans le brouillard moins dense. La voix de Neluto retentit :

« Là !.. là !.. Une fumée ! s’écriait-il.

Mais il eut aussitôt du regret de s’être montré si audacieusement affirmatif.

« Ou un nuage, dit-il.

Il réfléchit une seconde, et ajouta :

« Ou un oiseau !

Le pilote réfléchit encore. Une fumée, un nuage, un oiseau… Avait-il bien épuisé la série des hypothèses ?.. Non, il ne pouvait imaginer d’autres possibilités… Et pourtant, il en existait peut-être ?..

« Ou rien du tout ! » conclut-il entre ses dents pour son contentement personnel et pour satisfaire, dans tous les cas, sa conscience.

Eût-il parlé à voix plus haute, qu’on ne l’eût pas écouté davantage. La caravane semblait frappée d’immobilité, âmes et regards tendus vers le Nord.

Ben Raddle, lui aussi, regardait le Nord, troublé par une sourde et vague inquiétude.

« Une fumée ?.. murmurait-il. Mais non ! C’est impossible… puisque, d’après Jacques Ledun, le Golden Mount est un volcan éteint !.. »

Et pourtant Neluto avait eu tort d’être aussi timide. Sa première hypothèse était la bonne.

La brume se dissipait de plus en plus. Bientôt le soleil rayonna librement dans le bleu pâle du ciel, tandis que, salué par les hurrahs des prospecteurs, apparaissait le mont prodigieux, le Volcan d’Or, dont le cratère s’empanachait de vapeurs fuligineuses.