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une leçon de boxe.

la route, au Nord de cette rivière, se fit assez dure, et, sans l’extrême soin qu’y apportait Neluto, l’essieu ou les roues de la carriole se fussent plusieurs fois rompus.

Nul, d’ailleurs, ne songeait à s’étonner de ces difficultés. On ne s’était pas attendu à trouver dans ces régions perdues des voies bordées de becs de gaz et soigneusement macadamisées. Seul, Bill Stell, qui avait jadis suivi le même chemin, manifestait quelque surprise.

« La route, dit-il un jour que la caravane était engagée dans un étroit défilé, ne m’avait pas paru si mauvaise lorsque je l’ai parcourue il y a vingt ans.

— Elle n’a pourtant pas dû changer depuis, répliqua Summy Skim.

— Cela tient peut-être à la rigueur du dernier hiver, fit observer l’ingénieur.

— C’est ce que je pense, monsieur Ben, répondit le Scout. Les froids ont été si excessifs, que les gelées ont profondément défoncé la terre. Aussi, ne saurais-je trop recommander de prendre garde aux avalanches. »

Il s’en produisit, en effet, deux ou trois fois. D’énormes morceaux de quartz et de granit, déséquilibrés par les affouillements, roulèrent en rebondissant sur les talus, brisant, broyant les arbres situés sur leur passage. Il s’en fallut de peu que l’un des chariots et son attelage ne fussent détruits par ces lourdes masses.

Pendant deux jours, les étapes furent pénibles, et leur longueur ne se maintint pas à sa moyenne habituelle. De là des retards contre lesquels pestait Ben Raddle et que Summy Skim accueillait avec le calme d’un philosophe.

Ce n’était pas l’or qui l’attirait, lui. Puisqu’il avait dû renoncer à regagner des pays plus cléments, autant passer son temps à voyager qu’à autre chose. Et, d’ailleurs, il était obligé de convenir avec lui-même qu’il se trouvait parfaitement heureux.