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une leçon de boxe.

— Dieu t’entende ! murmura Ben Raddle avec une sorte de lassitude, tandis qu’il tendait à Edith une main que celle-ci serra silencieusement.

Quand la porte se fut refermée sur eux, et tandis qu’ils allaient rendre visite au docteur Pilcox, Summy entreprit son cousin avec une certaine vivacité.

« Qu’est-ce qui te prend ? interrogea-t-il. Tu as l’air de porter le diable en terre, et Mlle Edith semble copier tes airs désenchantés. Comme c’est encourageant ! Le voyage aurait-il cessé de te plaire ?

Ben Raddle, d’un effort, sembla chasser des pensées importunes.

— Tu plaisantes ! » dit-il.

Quant au docteur Pilcox, voici quelle fut sa manière de voir :

« Vous allez faire un voyage superbe, car le pays doit être, là-bas, plus beau encore qu’au Klondike, qui n’est déjà pas mal, cependant ! Et puis, si vous vous étiez engagés sur la route du Sud, c’eût été pour retourner à Montréal. Nous ne vous aurions jamais revus. Au moins, lorsque vous reviendrez de là-bas, vous nous retrouverez à Dawson. »

Ben Raddle consacra la fin de la journée à tenir un dernier conciliabule avec Lorique. Ce que se dirent les deux interlocuteurs, Summy n’en sut rien, par bonheur, car il se fût sérieusement emporté s’il eût connu le véritable état d’âme de son cousin.

Au cours de longs entretiens qu’il poursuivait depuis tant de mois avec le contre-maître canadien, l’ingénieur avait été décidément envahi par cette fièvre de l’or que Summy redoutait si fort. Lorique, mineur enragé, dont toute la vie s’était passée à faire de la prospection, avait par degrés amené Ben Raddle à ses idées. Le serviteur, par intoxication, par contagion lente, avait déteint sur le maître, et celui-ci en était arrivé à donner comme but exclusif à sa vie la recherche et la mise en œuvre de filons