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le volcan d’or.

excursions à Green Valley, Ben Raddle avait-il maintes fois couru les États-Unis, traversé l’Atlantique, visité une partie de l’Europe, sans avoir jamais pu saisir jusqu’ici l’unique cheveu de l’occasion. Il était récemment revenu d’un assez long voyage d’outre-mer, et, depuis son retour, il ne prenait pas une minute de repos, guettant sans se lasser l’énorme affaire à laquelle il pourrait apporter son concours.

Cette opposition de leurs goûts était un gros chagrin pour Summy Skim. Il redoutait sans cesse que Ben Raddle ne fût entraîné à le quitter, ou du moins à engloutir dans une entreprise aventureuse le modeste avoir qui leur assurait à tous deux l’indépendance et la liberté.

C’était là le thème d’incessantes discussions entre les deux cousins.

« Mais enfin, Ben, disait Summy, à quoi sert de se casser la tête dans ce que tu appelles si pompeusement les grandes affaires ?

— Cela sert à devenir riche, à devenir très riche, Summy, répondait Ben Raddle.

— Eh, cousin, à quoi bon être si riche ? Il n’en faut pas tant pour être heureux à Green Valley. Que ferais-tu de tant d’argent ?

— Des affaires nouvelles, et plus importantes, cousin.

— Dans le but ?..

— D’amasser encore plus d’or, que je consacrerai à des affaires plus importantes encore.

— Et ainsi de suite ?

— Et ainsi de suite.

— Jusqu’à la mort, sans doute ? suggérait ironiquement Summy Skim.

— Jusqu’à la mort, Summy, » concluait Ben Raddle sans s’émouvoir, tandis que son cousin, ne trouvant rien à répondre, levait ses bras au ciel avec découragement.