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la nuit du 5 au 6 août.

sourdes trépidations courant à travers le sol et accompagnées de grondements prolongés, jets de gaz sulfureux s’échappant parfois des puits. Assurément on pouvait craindre une manifestation des forces plutoniques.

Vers dix heures et demie, tous allaient se coucher dans la maisonnette du claim 129, lorsque de violentes secousses ébranlèrent l’habitation.

« Un tremblement de terre ! » s’écria Lorique.

Il avait à peine prononcé ces mots que la maison se renversait brusquement comme si la base lui eût soudain manqué. Ce ne fut pas sans peine que ses hôtes, heureusement sans blessures, purent se retirer des décombres.

Mais, au dehors, quel spectacle ! Le sol du claim disparaissait sous une inondation torrentielle. Une partie du creek avait débordé et s’écoulait à travers les gisements en s’y frayant un nouveau lit.

De tous côtés éclataient des cris de désespoir et de douleur. Les mineurs, surpris dans leurs cabanes, cherchaient à fuir l’inondation qui les gagnait. Des arbres arrachés ou rompus par le pied étaient entraînés avec la rapidité d’un express.

L’inondation gagnait déjà la place où gisait l’habitation abattue. En quelques secondes on eut de l’eau à mi-corps.

« Fuyons !.. » s’écria Summy Skim, qui, enlevant Jane Edgerton entre ses bras, l’entraîna sur la pente.

À ce moment, un tronc de bouleau atteignit Ben Raddle dont la jambe fut brisée au-dessous du genou. Lorique, puis Neluto, s’élancèrent à son secours et furent renversés à leur tour. Tous trois allaient périr. Patrick, heureusement, avait vu le péril. Tandis que Summy, revenant à la charge, enlevait son cousin sur ses épaules, le géant saisissait à bout de bras le contremaître et le pilote, et, ferme comme un roc au milieu des eaux déchaînées, les emportait loin des atteintes du torrent.

En un instant, tous furent hors de danger, sans autre dom-