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le volcan d’or.

quelque temps, les ouvriers américains n’avaient pu trouver un gîte rémunérateur, et que leur exploitation devenait de plus en plus onéreuse.

Une voix se fit alors entendre, la voix de Hunter :

« Il n’y en a donc que pour ces chiens des prairies du Far West ! criait-il, furieux.

C’est ainsi qu’il qualifiait les Canadiens.

Ben Raddle avait entendu l’insulte.

Faisant un effort sur lui-même, il se contenta de tourner le dos au grossier personnage, en haussant les épaules en signe de dédain.

« Hé ! fit alors le Texien, c’est pour vous que je parle, monsieur de Montréal.

Ben Raddle se contraignit à garder le silence.

« Je ne sais ce qui me retient !.. » reprit Hunter.

Il allait franchir la limite et se jeter sur Ben Raddle. Malone l’arrêta. Mais les ouvriers des deux placers, massés de part et d’autre de la frontière, se menaçaient de la voix et du geste, et il était évident que l’ouverture des hostilités ne pourrait plus être retardée bien longtemps.

Le soir, lorsque Summy Skim rentra, tout heureux d’avoir abattu un ours, non sans quelque danger, il raconta en détail son exploit cynégétique. Ben Raddle ne voulut point lui parler de l’incident de la journée, et, après souper, tous deux regagnèrent leur chambre où Summy Skim dormit le réconfortant sommeil du chasseur.

Y avait-il lieu de craindre que l’affaire n’eût des suites ? Hunter et Malone chercheraient-ils de nouveau querelle à Ben Raddle et pousseraient-ils leurs hommes contre ceux du 129 ? C’était probable, car le lendemain pics et pioches allaient se rencontrer sur la limite des deux claims.

Or précisément, au grand ennui de son cousin, Summy Skim ne partit pas pour la chasse ce jour-là. Le temps était lourd ; de