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le volcan d’or.

Jane Edgerton fronça les sourcils. De quoi se mêlait ce monsieur Skim ? Elle allait vertement répliquer et clouer l’indiscret conseiller par une de ses coutumières sorties sur l’égalité des sexes… Elle n’en eut pas le courage. Summy, qui n’osait plus la regarder en face, avait un air bizarre, à la fois furieux et déconfit, qui lui donna à réfléchir.

Ses lèvres esquissèrent un malicieux sourire aussitôt réprimé, puis, lui tendant la main :

— Vous avez raison, monsieur Skim, dit-elle sérieusement. J’accepte l’hospitalité que vous avez la bonté de m’offrir.

— Bravo ! applaudit Summy. Dans ce cas, soyez bonne jusqu’au bout, mademoiselle. Terminez votre journée un peu plus tôt aujourd’hui, et acceptez-la tout de suite, cette hospitalité. Vous me raconterez vos aventures en route, et dès demain Ben viendra visiter votre claim.

— Comme vous voudrez, concéda Jane, qui appela : « Patrick ! »

— Monsieur Jean ? répondit l’Irlandais.

— Assez travaillé pour aujourd’hui. Nous allons au claim 129.

— Bien, monsieur Jean.

— Ramasse les outils et passe devant.

— Oui, monsieur Jean, fit le docile Patrick, qui, chargé des écuelles, des plats, des pics et des pioches, attaqua pesamment la pente de la colline, à distance respectueuse de Jane et de Summy.

— Monsieur Jean ? interrogea Summy. Il vous prend donc pour un homme ?

— Comme vous voyez, monsieur Skim. Grâce à mon costume de mineur.

Summy considéra le vaste dos du géant, qui marchait devant lui.

— C’est une brute ! affirma-t-il avec une si profonde conviction que, sans savoir exactement pourquoi, Jane Edgerton éclata de rire.