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les débuts d’une prospectrice.

quait sur son ordre le déblaiement d’un puits, et, moins de vingt-quatre heures après, commençait à en laver les boues, tandis qu’elle-même s’occupait des formalités nécessaires pour obtenir la pose des poteaux indicateurs et pour s’assurer la possession du claim.

Ces formalités furent accomplies en moins de trois jours, mais, au même moment qu’on jalonnait son claim auquel on attribuait le numéro 127 bis, Jane était obligée de reconnaître que, s’il contenait de l’or, ce n’était qu’à dose infinitésimale, et qu’elle n’avait aucune chance d’y faire ample récolte de pépites. Malgré le travail acharné de Patrick, ils ne pouvaient, en raison sans doute de leur inexpérience, laver à deux par vingt-quatre heures plus d’une centaine de plats, dont le rendement moyen n’excédait que de très peu un dixième de dollar. C’était bien juste de quoi payer le serviteur qu’elle avait engagé et assurer sa subsistance personnelle. Si la situation ne s’améliorait pas, elle se retrouverait aussi pauvre à la fin qu’au commencement de l’été.

Avait-elle donc eu tort de s’arrêter en cet endroit ? N’aurait-elle pas dû pousser plus loin et passer la frontière, dont, ainsi qu’elle l’avait appris lors de sa demande de concession, cinq à six cents mètres tout au plus la séparaient ?

Jane avait appris autre chose. Elle connaissait maintenant le nom de la rivière bordant le claim où elle s’essayait au dur métier de prospectrice : le Forty Miles, ce même creek sur la rive duquel était situé le claim 129, voisin du sien, et qui se trouvait sûrement là, derrière cette colline fermant le ravin au Sud-Ouest.

Fut-ce en raison d’un espoir confus, fut-ce par simple entêtement de réussir dans la chose entreprise, Jane, en tous cas, ne voulut pas s’avouer vaincue avant d’avoir lutté jusqu’au bout, et, plus que jamais, s’acharna à laver le plus grand nombre possible de ces plats qui lui donnaient un si maigre profit.

Une après-midi, le 11 juin, elle était, ainsi que Patrick, absorbée comme de coutume dans son travail, au point d’en oublier