Page:Verne - Le volcan d'or.pdf/218

Cette page a été validée par deux contributeurs.
192
le volcan d’or.

— Irlandais.

— Prospecteur ?..

— Non, monsieur. Forgeron.

— Pourquoi avez-vous quitté votre pays et votre métier ?

— Pas de travail… La misère… Pas de pain.

— Et ici, avez-vous mieux réussi ?

— Non.

— Vous n’avez pas trouvé de claim ?

— Comment en aurais-je cherché ? Je ne connais rien à tout cela.

— Qu’espériez-vous donc ?

— Louer mes bras.

— Eh bien ?

— J’ai essayé. Les claims sont au complet pour l’instant.

— Où alliez-vous quand vous m’avez rencontrée ?

— Dans l’Est, où je serai peut-être plus heureux.

— Et pourquoi vouliez-vous me tuer tout à l’heure ?

— Toujours la même chose… Je meurs de faim, dit Patrick Richardson en baissant les yeux.

— Ah !.. ah !.. fit Jane.

Après un court silence, elle tira des provisions de son bissac.

— Mangez, dit-elle.

Elle ne fut pas obéie sur-le-champ. Patrick Richardson, d’un regard de plus en plus obscurci, contemplait l’enfant qui venait ainsi à son secours. Le misérable pleurait.

« Mangez ! » répéta Jane.

Le débile colosse ne se fit pas, cette fois, répéter l’invitation. Goulûment, il se jeta sur la nourriture offerte.

Pendant qu’il dévorait, Jane observait son convive inattendu. Bien certainement, c’était un minus habens que Patrick Richardson. Ses oreilles écartées, son prognathisme presque aussi accusé que celui d’un nègre, signaient son irrémédiable infériorité intellectuelle. Mais, en dépit de sa tentative de violence, ce ne