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de dawson city à la frontière.

à l’hôpital dire adieu à Edith Edgerton. Aussitôt prévenue de leur visite, celle-ci descendit au parloir. Elle était à croquer dans son costume d’infirmière. À voir sa robe de bure grise et son tablier à bavette éclatant de blancheur qui tombaient en plis d’une parfaite régularité, ses cheveux bien lissés que séparait une raie mathématique, ses mains blanches et soignées, on n’eût pas deviné la remarquable travailleuse si lyriquement décrite par le docteur Pilcox.

« Eh bien, mademoiselle, lui demanda Ben Raddle, vous plaisez-vous dans vos nouvelles fonctions ?

— On aime toujours le métier qui vous fait vivre, répondit simplement Edith.

— Hum ! hum ! fit Ben Raddle mal convaincu… Enfin, vous êtes satisfaite. C’est l’essentiel. Quant au docteur Pilcox, il ne tarit pas d’éloges sur votre compte.

— Le docteur est trop bon, répondit la jeune infirmière. J’espère mieux faire avec le temps.

Summy intervint.

— Et votre cousine, mademoiselle, en avez-vous des nouvelles ?

— Aucune, déclara Edith.

— Ainsi donc, reprit Summy, elle a mis son projet à exécution ?

— N’était-ce pas convenu ?

— Mais qu’en espère-t-elle ? s’écria Summy avec un soudain et inexplicable emportement. Que deviendra-t-elle si elle échoue, comme cela est certain, dans son entreprise insensée ?

— Je serai toujours là pour la recueillir, répliqua tranquillement Edith. Au pis aller, ce que je gagne suffira à nous faire vivre.

— Alors, objecta Summy très excité, vous êtes donc décidées à vous fixer toutes deux au Klondike, à n’en plus sortir, à y prendre racine…

— En aucune façon, monsieur Skim, car, si Jane réussit, c’est moi qui, dans ce cas, profiterai de son effort.