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vers le nord.

et Summy Skim, à son vif regret peut-être, n’eut pas l’occasion d’abattre l’un de ces formidables plantigrades. En revanche, il fallait se défendre contre des myriades de moustiques, et c’est à peine si l’on parvenait à éviter leurs morsures aussi douloureuses qu’agaçantes, en alimentant les feux toute la nuit.

Après avoir descendu la Lewis pendant une cinquantaine de kilomètres, le Scout et ses compagnons, dans l’après-midi du 15 mai, aperçurent le confluent de rio Hootalinqua, puis, le lendemain, celui du Big Salmon, deux tributaires de la Lewis. Il y eut lieu de remarquer combien les eaux bleues de la rivière s’altèrent au mélange de ses affluents. Le jour suivant, le bateau passait devant l’embouchure du rio Walsh, maintenant délaissé par les mineurs ; puis ce fut le Cassiar, banc de sable qui émerge aux basses eaux, sur lequel quelques prospecteurs récoltèrent en un mois pour trente mille francs d’or.

Le voyage se continuait avec des alternatives de bon et de mauvais temps. Le bateau marchait tantôt à l’aviron, tantôt à la voile, et parfois même halé à la cordelle dans les passages très sinueux.

Le 25 mai, la plus grande partie de la Lewis, qui allait bientôt devenir le Yukon, avait été descendue dans des conditions favorables, lorsque le Scout vint s’établir au camp de Turenne, qui occupe une falaise toute semée à ce moment des premières fleurs, anémones, crocus et genièvres parfumés. De nombreux émigrants y avaient dressé leurs tentes. Le bateau nécessitant quelques réparations, on y resta vingt-quatre heures, et Summy Skim put se livrer à son exercice favori.

Pendant les deux jours qui suivirent, grâce à un courant de quatre nœuds à l’heure, le bateau descendit assez rapidement la rivière. Le 28 mai, dans l’après-midi, après avoir dépassé le labyrinthe des îles Myersall, il se rapprocha de la rive gauche et vint s’amarrer au pied de Fort Selkirk.

Ce fort, bâti en 1848 pour le service des agents de la baie d’Hudson, puis démoli par les Indiens en 1852, n’est plus actuel-