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Actuellement, Skagway regorgeait d’émigrants : ceux qui y débarquaient par les paquebots de l’Océan Pacifique, et ceux qu’y déposaient les railways canadiens ou les rails-roads des États-Unis, tous à destination des territoires du Klondike.

Un certain nombre de ces voyageurs se faisait transporter jusqu’à Dyea, bourgade située à l’extrémité du Canal de Lynn. Mais ce n’étaient pas les steamers qui les y conduisaient avec leur matériel, car la profondeur du canal ne leur eût pas permis de naviguer en amont de Skagway. Ils prenaient passage sur des bateaux plats, construits de manière à pouvoir franchir les cinq milles qui séparent les deux cités l’une de l’autre, ce qui abrégeait d’autant la pénible route de terre.

C’était à Skagway, d’ailleurs, que commençaient les réelles difficultés du voyage, après ce transport relativement (facile)[1] à bord de ces paquebots qui font le service du littoral.

Et tout d’abord, il y eut à compter avec les vexations par trop insupportables qui proviennent du fait de la douane américaine.

En effet, au-delà de Skagway qui appartient au Dominion, il y a une bande longue de trente-deux kilomètres qui est possession américaine. Aussi les Américains afin d’empêcher le trafic pendant la traversée de cette bande obligent-ils les voyageurs à se faire escorter jusqu’à sa frontière, et les frais d’escorte, très opiniâtrement réclamés et perçus, se chiffrent par un bon nombre de dollars.

Les deux cousins avaient fait choix d’un hôtel, et le choix était à faire, car Skagway en possédait déjà plusieurs. Ils y occupaient la même chambre, à un prix qui dépassait encore ceux de Vancouver et ils mettraient tous leurs soins à la quitter le plus promptement possible.

Il va de soi que les voyageurs pullulaient dans cet hôtel, en attendant leur départ pour le Klondike. Toutes les nationalités s’y coudoyaient dans le dining-saloon. La nourriture n’allait pas audelà du passable ; mais avaient-ils le droit de se montrer difficiles, tous ces émigrants qui pendant plusieurs mois seraient exposés à tant de privations ?

Du reste, Summy Skim et Ben Raddle ne devaient point avoir pendant leur séjour à Skagway l’occasion de s’y rencontrer avec ces deux Texiens dont ils avaient fui la société à bord du Foot-Ball. Hunter et Malone, dès leur arrivée, étaient repartis pour le Klondike. Comme ils retournaient là d’où ils étaient venus six mois auparavant, leurs moyens de transport étaient assurés d’avance, et ils n’avaient eu qu’à se mettre en route avec leurs guides sans être embarrassés d’un matériel qui se trouvait déjà sur l’exploitation du Forty Miles Creek.

  1. Laissé en blanc.
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