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siers, les plus tapageurs, ceux qui s’abandonnaient à tous les excès dans les maisons de jeu, dans les casinos où, l’argent à la main, ils parlaient en maîtres.

Et voici dans quelles circonstances Summy Skim fit la connaissance de l’un de ces prospecteurs de réputation déplorable. Et, par malheur, les rapports qui débutèrent en cette occasion, ne devaient pas en rester là, ainsi que le démontra l’avenir.

Le 15 avril, dans la matinée, Summy Skim et Ben Raddle se promenaient sur le quai, lorsque des sifflets à vapeur se firent entendre.

« Est-ce enfin le Foot-Ball, dit le plus impatient des deux cousins.

— Je ne le pense pas, répondit l’autre, car ces sifflets-là viennent du sud, et c’est par le nord que le Foot-Ball doit arriver. »

En effet, il s’agissait d’un steamer qui ralliait le port de Vancouver en remontant le détroit de Juan de la Fuca, et, par conséquent, il ne pouvait venir de Skagway.

Cependant, Ben Raddle et Summy Skim se dirigèrent vers l’extrémité de la jetée au milieu du nombreux public que l’arrivée d’un navire attirait toujours. C’étaient d’ailleurs plusieurs centaines de passagers qui allaient débarquer en attendant qu’ils pussent prendre passage sur un des steamers qui font le service du nord.

Ce paquebot était le Smyth, un bâtiment de deux mille cinq cents tonnes, qui venait de faire toutes les escales de la côte américaine depuis le port mexicain d’Acapulco. Après avoir déposé à Vancouver ses passagers, il devait retourner à son port d’attache, étant spécialement affecté au service du littoral. Ses passagers venaient donc grossir la foule de ceux qui devaient faire choix à Vancouver, soit de la route de Skagway, soit de la route de Saint-Michel pour gagner le Klondike. Assurément le Foot-Ball ne pourrait suffire à transporter tout ce monde, et, pour la plupart, les émigrants à destination de Dawson-City seraient contraints d’attendre l’arrivée des autres steamers.

Assurément, Ben Raddle et Summy Skim auraient préféré que la sirène dont les sifflements s’accentuaient à l’entrée de la rade eussent annoncé le Foot-Ball. Mais bien que ce fût le Smyth, il leur parut curieux d’assister au débarquement.

Lorsque le paquebot eut accosté le ponton, on vit un des passagers se démener furieusement pour être des premiers à la coupée du navire. Sans doute, il avait hâte d’aller retenir sa place à bord du Foot-Ball. C’était un homme de forte taille, brutal et vigoureux, la barbe noire et drue, le teint hâlé des hommes du sud, le regard dur, la physionomie méchante, l’abord antipathique. Un autre passager l’accompagnait, de même natio-

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