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négligerait pas de l’acquérir de l’État à un prix probablement plus avantageux que le prix offert aux deux héritiers.

« Tu comprends dès lors, Summy, qu’il ne faut point nous laisser devancer, et qu’il y a urgence à se mettre en route… déclara Ben Raddle.

— Je comprends ce que tu veux que je comprenne, mon cher ami, répondit Summy Skim.

— Et ce qui est, d’ailleurs, parfaitement raisonnable, ajouta l’ingénieur.

— Je n’en doute pas, Ben, et je ne répugne point à quitter Montréal le plus tôt possible, si cela nous permet d’y revenir le plus tôt possible aussi.

— Nous ne resterons pas au Klondike au-delà de ce qui sera nécessaire, Summy…

— C’est entendu, Ben. À quelle date le départ ?…

— Le 2 de ce mois, répondit Ben Raddle, soit dans une quinzaine ! »

Summy Skim, les bras croisés, la tête penchée, eut forte envie de s’écrier : « Quoi ?… Si tôt ?… » Mais il se tut, puisque cela n’eût servi de rien. Ayant accepté, il s’était juré qu’il ne lui échapperait aucune récrimination pendant le voyage, quoi qu’il pût arriver. D’ailleurs, Ben Raddle agissait sagement en fixant le 2 avril comme date extrême au départ, et, son itinéraire sous les yeux, il s’embarqua dans une série d’observations, hérissées de chiffres qu’il maniait avec une incontestable compétence.

« Pour l’instant, Summy, dit-il, nous n’avons pas à choisir entre deux routes pour nous rendre au Klondike, puisqu’il n’y en a qu’une. Peut-être un jour prendra-t-on pour le Yukon le chemin d’Edmonton, du Fort Saint John, de Peace River qui traverse le nord-est de la Colombie, en passant par le district du Cassiar…

— Une contrée giboyeuse, s’il en fut, ai-je entendu dire, observa Summy Skim, s’abandonnant à ses rêves cynégétiques. Au fait, pourquoi ne pas suivre ce chemin ?…

— Parce qu’il obligerait, en quittant Vancouver, à un parcours de quatorze cents kilomètres par terre, après en avoir fait huit cents par eau, répondit Ben Raddle[1].

— Alors quelle direction comptes-tu adopter, Ben ?…

— Nous nous déciderons des notre arrivée à Vancouver, et suivant les avantages que nous serons à même d’apprécier sur place. Dans tous les cas, voici des chiffres très exacts qui te fixeront sur la longueur de l’itinéraire : de Montréal à Vancouver, on compte quatre mille six cent soixante quinze kilomètres, et de Vancouver à Dawson-City, deux mille quatre cent quatre-vingt-neuf.

  1. J. V., multipliant les variations, écrit ici « Ben Craddle » !
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