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se passionnait pour le mouvement industriel et scientifique de son époque. Il avait fait ses études d’ingénieur et déjà pris part à quelques-uns de ces travaux prodigieux dans lesquels l’Américain cherche à l’emporter par la nouveauté des conceptions et la hardiesse de l’exécution. En même temps, il ambitionnait d’être riche, très riche, en profitant de ces occasions si extraordinaires mais si aléatoires qui ne sont pas rares dans le Nord-Amérique, surtout l’exploitation des richesses minérales du sol. Les fabuleuses fortunes des Gould, des Astor, des Vanderbildt, des Rockfeller et tant d’autres arrivés au milliard, surexcitaient son cerveau. Aussi, tandis que Summy Skim ne se déplaçait guère que pour de fréquentes excursions à Green Valley, Ben Raddle avait-il couru les États-Unis, traversé l’Atlantique, visité une partie de l’Europe, sans avoir jamais pu décider son cousin à l’accompagner. Il était récemment revenu d’un assez long voyage d’outre-mer, et, depuis son retour à Montréal, il attendait quelque occasion, ou plutôt quelque énorme affaire à laquelle il apporterait son concours. Summy Skim pouvait donc craindre que son cousin ne fût entraîné en quelques-unes de ces spéculations dont lui avait horreur.

Et c’eût été là un gros chagrin, d’autre part, si Summy Skim et Ben Raddle eussent été contraints de se séparer, car ils s’aimaient comme deux frères, et si Ben Raddle regrettait que Summy Skim ne voulut pas se lancer avec lui dans quelque affaire industrielle, Summy Skim regrettait non moins que Ben Raddle ne bornât pas son ambition à faire valoir le domaine de Green Valley, puisqu’il leur assurait l’indépendance et avec l’indépendance, la liberté.

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