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autant de clairons sonnés à pleine bouche.

Les voyageurs de l’Afrique centrale ont pu justement comparer ce bruit à celui que ferait un train d’artillerie roulant à grande vitesse sur un champ de bataille. Soit ! mais à la condition que les trompettes eussent jeté dans l’air leurs notes déchirantes. Que l’on juge de la terreur à laquelle s’abandonnait le personnel de la caravane, menacé d’être écrasé par ce troupeau d’éléphants !

Chasser ces énormes animaux présente de sérieux dangers. Lorsqu’on parvient à les surprendre isolément, à séparer de la bande à laquelle il appartient un de ces pachydermes, lorsqu’il est possible de le tirer dans des conditions qui assurent le coup, de l’atteindre, entre l’œil et l’oreille, d’une balle qui le tue presque instantanément, les dangers de cette chasse sont très diminués. En l’espèce, la harde ne se composât-elle que d’une demi-douzaine de bêtes, les plus sévères précautions, la plus extrême prudence sont indispensables. Devant cinq ou six couples d’éléphants courroucés, toute résistance est impossible, alors que — dirait un mathématicien — leur masse est multipliée par le carré de leur vitesse.

Et, si c’est par centaines que ces formidables bêtes se jettent sur un campement, on ne peut pas plus les arrêter dans leur élan qu’on n’arrêterait une avalanche, ou l’un de ces