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tantôt sur les plus hautes, comme si un vent de flamme eût traversé cette épaisse frondaison, ni Max Huber, ni le foreloper, ni Llanga ne parvinrent à en distinguer un seul.

« Eh ! s’écria Max Huber, ne seraient-ce que des feux follets se jouant dans les arbres ?… »

Khamis secoua la tête. L’explication du phénomène ne le satisfaisait point.

Qu’il y eût là quelque expansion d’hydrogène en exhalaisons enflammées, une vingtaine de ces aigrettes que les orages accrochent aussi bien aux branches des arbres qu’aux agrès d’un navire, non, certes, et ces feux, on ne pouvait les confondre avec les capricieuses furolles de Saint-Elme. L’atmosphère n’était point saturée d’électricité, et les nuages menaçaient plutôt de se résoudre en une de ces pluies torrentielles qui inondent fréquemment la partie centrale du continent noir.

Mais, alors, pourquoi les indigènes campés au pied des arbres s’étaient-ils hissés, les uns jusqu’à leur fourche, les autres jusqu’à leurs extrêmes branches ?… Et à quel propos y promenaient-ils ces brandons allumés, ces flambeaux de résine dont la déflagration faisait entendre ses craquements à cette distance ?…

« Avançons… dit Max Huber.

— Inutile, répondit le foreloper. Je ne crois pas que notre campement soit menacé