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de la berge, lançant un jet de sang qui rougit le long de la rive l’eau si limpide du rio Johausen.

Afin de ne pas perdre cette superbe pièce, le radeau se dirigea vers l’endroit où le ruminant s’était abattu, et le foreloper prit ses dispositions pour le dépecer sur place afin d’en retirer les morceaux comestibles.

Les deux amis ne purent qu’admirer cet échantillon des bœufs sauvages d’Afrique, d’une taille gigantesque. Lorsque ces animaux franchissent les plaines par troupes de deux à trois cents, on se figure quelle galopade furieuse au milieu des nuages de poussière soulevés sur leur passage !

C’était un onja, nom par lequel le désignent les indigènes, un taureau solitaire, plus grand que ses congénères de l’Europe, le front plus étroit, le mufle plus allongé, les cornes plus comprimées. Si la peau de l’onja sert à fabriquer des buffleteries d’une solidité supérieure, si ses cornes fournissent la matière des tabatières et des peignes, si ses poils rudes et noirs sont employés à rembourrer les chaises et les selles, c’est avec ses filets, ses côtelettes, ses entrecôtes qu’on obtient une nourriture aussi savoureuse que fortifiante, qu’il s’agisse des buffles de l’Asie, de l’Afrique, ou du buffle de l’Amérique. En somme, Max Huber avait eu là un coup heureux. À moins