draient l’assaillir en grand nombre. Aussi les mettre en fuite à coups de fusil s’imposait-il. Les carabines se mirent donc de la partie au moment où le radeau commençait à tourner sur lui-même.
Un instant après, la bande avait disparu. Ce n’étaient pas les balles, ce n’étaient pas les détonations qui l’avaient dispersée. Depuis une heure, un orage montait vers le zénith. Les nuages blafards couvraient maintenant le ciel. À ce moment, les éclairs embrasèrent l’espace, et le météore se déchaîna avec cette prodigieuse rapidité, particulière aux basses latitudes. À ces formidables éclats de la foudre, les quadrumanes ressentirent ce trouble instinctif que produit sur tous les animaux l’influence électrique. Ils prirent peur, ils allèrent chercher sous de plus épais massifs un abri contre ces coruscations aveuglantes, ce formidable déchirement des nues. En quelques minutes, les deux berges furent désertes, et, de cette bande, il ne resta qu’une vingtaine de corps, sans vie, étendus entre les roseaux des berges.