Page:Verne - Le Village aérien, Hetzel, 1918.djvu/187

Cette page a été validée par deux contributeurs.

clameurs assourdissantes. L’agression ne cessa point, les bandes ne prirent pas la fuite. Et, en somme, à vouloir les exterminer, ces singes, l’un après l’autre, les munitions n’y pourraient suffire. Rien qu’à une balle par quadrumane, la réserve serait vite épuisée. Que feraient, alors, les chasseurs, la cartouchière vide ?

« Ne tirons plus, ordonna John Cort. Cela ne servirait qu’à surexciter ces maudites bêtes ! Nous en serons quittes, espérons-le, pour quelques contusions sans importance…

— Merci ! » riposta Max Huber, qu’une pierre venait d’atteindre à la jambe.

On continua donc de descendre, suivi par la double escorte sur les rives, très sinueuses en cette partie du rio Johausen. En de certains rétrécissements, elles se rapprochaient à ce point que la largeur du lit se réduisait d’un tiers. La marche du radeau s’accroissait alors avec la vitesse du courant.

Enfin, à la nuit close, peut-être les hostilités prendraient-elles fin. Peut-être les assaillants se disperseraient-ils à travers la forêt. Dans tous les cas, s’il le fallait, au lieu de s’arrêter pour la halte du soir, Khamis se risquerait à naviguer toute la nuit. Or, il n’était que quatre heures, et, jusqu’à sept, la situation resterait très inquiétante.

En effet, ce qui l’aggravait, c’est que le radeau n’était pas à l’abri d’un envahissement.