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n’eurent le temps de recharger leurs armes. Fuir en directions diverses, s’échapper sous le massif ; il était trop tard. L’instinct de la conservation les poussa tous trois, avec Llanga, à se réfugier derrière le tronc du baobab, qui ne mesurait pas moins de six mètres périphériques à la base.

Mais lorsque le premier animal contournerait l’arbre, lorsque le second se joindrait à lui, comment éviter leur double attaque ?…

« Diable !… fit Max Huber.

— Dieu plutôt ! » s’écria John Cort.

Et assurément il fallait renoncer à tout espoir de salut, si la Providence ne s’en mêlait pas.

Sous un choc d’une effroyable violence, le baobab trembla jusque dans ses racines à faire croire qu’il allait être arraché du sol.

Le rhinocéros, emporté dans son élan formidable, venait d’être arrêté soudain. À un endroit où s’entr’ouvrait l’écorce du baobab, sa corne, entrée comme le coin d’un bûcheron, s’y était enfoncée d’un pied. En vain fit-il les plus violents efforts pour la retirer. Même en s’arc-boutant sur ses courtes pattes, il ne put y réussir.

L’autre, qui saccageait le fourré furieusement, s’arrêta, et ce qu’était leur fureur à tous deux, on ne saurait se l’imaginer !

Khamis, se glissant alors autour de l’arbre,