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le premier partant.

Quant à cet excellent Harris T. Kymbale, il s’avança et lui dit sans amertume :

« Bon voyage, compagnon !

— Bon voyage à vous aussi, lorsque le jour sera venu de boucler votre valise ! » répliqua Max Réal.

Et tous deux échangèrent une cordiale poignée de main.

Ni Hodge Urrican, ni Tom Crabbe, l’un furieux, l’autre hébété comme d’habitude, ne crurent devoir s’associer aux compliments du journaliste.

Quant au ménage Titbury, il ne formait qu’un vœu : c’était que tous les mauvais aléas du jeu s’abattissent sur la tête de ce premier partant, qu’il allât s’enfoncer dans le puits du Nevada ou se fourrer dans la prison du Missouri, dût-il y demeurer jusqu’à la fin de son existence !

En passant devant Lissy Wag, Max Réal s’inclina respectueusement et dit :

« Mademoiselle, vous me permettrez bien de vous souhaiter bonne chance…

— Mais c’est parler contre votre intérêt, monsieur… fit observer la jeune fille, un peu surprise.

— N’importe, mademoiselle, et soyez certaine que je fais des vœux pour vous !…

— Je vous remercie, monsieur », répondit Lissy Wag.

Et Jovita Foley de glisser dans l’oreille de son amie cette observation, très juste d’ailleurs :

« Il est fort bien de sa personne, ce Max Réal, et il sera mieux encore, si, comme il le souhaite, il te laisse arriver première ! »

Cette opération finie, la salle de l’Auditorium fut peu à peu évacuée, et le résultat du coup de dés se répandit aussitôt à travers la ville.

Le match Hypperbone, suivant l’expression adoptée par le public, allait commencer.

Dans la soirée, Max Réal acheva ses préparatifs, — combien peu