Page:Verne - Le Testament d’un excentrique, Hetzel, 1899.djvu/501

Cette page a été validée par deux contributeurs.
476
le testament d’un excentrique.

on est mort, on est mort, et on ne laisse pas les gens courir après son héritage alors qu’on est encore de ce monde !…

— Que voulez-vous, commodore, répondit aimablement William Hypperbone, je ne pouvais pourtant pas…

— Vous le pouviez, monsieur, et vous le deviez !… D’ailleurs, si au lieu de vous fourrer en bière, on vous avait mis dans le four crématoire, cela ne serait pas arrivé…

— Qui sait… commodore ?… J’ai tant de chance…

— Et, comme vous m’avez mystifié, reprit Hodge Urrican, et que je n’ai jamais toléré de l’être, vous m’en rendrez raison…

— Où et quand il vous plaira ! »

Et, bien que Turk eût juré par saint Jonathan qu’il dévorerait le foie de M. Hypperbone, son maître ne chercha pas à le modérer cette fois, et ce fut précisément lui qu’il envoya à l’ex-défunt pour fixer l’heure et le jour de la rencontre.

Mais ne voilà-t-il pas que, au début de sa visite, Turk se contenta de dire à William J. Hypperbone :

« Voyez-vous, monsieur, le commodore Urrican n’est pas si méchant qu’il veut le paraître… Au fond, c’est un brave homme… que l’on ramène facilement…

— Et vous venez de sa part…

— Vous dire qu’il regrette sa vivacité d’hier et vous prier d’accepter ses excuses ! »

Bref, l’affaire en resta là, car Hodge Urrican finit par reconnaître qu’elle le couvrirait de ridicule. Mais, très heureusement pour Turk, ce terrible homme ne sut jamais de quelle façon celui-ci avait rempli son mandat.

Enfin, la veille du jour où allait être célébré le mariage de Max Réal et de Lissy Wag, à la date du 29 juillet, les futurs reçurent la visite, non plus d’un vénérable M. Humphry Weldon un peu courbé par l’âge, mais de M. William J. Hypperbone, plus fringant, plus jeune que jamais, ainsi que l’observa très bien Jovita Foley. Ce gentleman, après s’être excusé de n’avoir pas laissé gagner la partie