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le testament d’un excentrique.

On devine ce qui suivit. Le gardien d’Oakswoods, bien récompensé, avec promesse de l’être plus encore s’il se taisait jusqu’au dénouement de cette aventure, avait gardé le secret. William J. Hypperbone, en quittant le cimetière, — avant le jour du jugement dernier, — se rendit incognito chez maître Tornbrock, ajouta à son testament le codicille que l’on connaît, et désigna l’endroit où il allait se retirer pour le cas où le notaire aurait quelque communication à lui adresser. Puis il prit congé de ce digne homme, confiant en cette chance extraordinaire qui ne l’avait jamais abandonné pendant le cours de son existence, et qui allait lui demeurer fidèle, pourrait-on dire, même après sa mort.

On sait le reste.

La partie commencée dans les conditions déterminées, William J. Hypperbone put alors se faire une opinion sur chacun des « Six », Ni ce mauvais coucheur d’Hodge Urrican, ni ce ladre d’Hermann Titbury, ni cette brute de Tom Crabbe, ne l’intéressèrent et ne pouvaient l’intéresser. Peut-être éprouvait-il quelque sympathie à l’égard d’Harris T. Kymbale, mais, à faire des vœux pour quelqu’un à défaut de lui-même, c’eût été pour Max Réal, Lissy Wag et sa fidèle Jovita Foley. De là, pendant la maladie de la cinquième partenaire, cette démarche sous le nom de Humphry Weldon, puis l’envoi des trois mille dollars dans la prison du Missouri. Aussi quelle première satisfaction pour cet homme généreux, lorsque la jeune fille fut délivrée par Max Réal, et quelle seconde satisfaction, lorsque celui-ci le fut à son tour par Tom Crabbe !

Quant à lui, il avait suivi d’un pas sûr et régulier les diverses péripéties du match, servi par cette inépuisable chance sur laquelle il comptait avec raison, qui ne le trahit pas une seule fois, et il était arrivé premier au poteau, lui, l’outsider, battant les divers favoris sur cet hippodrome national.

Voilà ce qui s’était passé, voilà ce qui se dit et se répéta presque aussitôt dans l’assistance. Et voilà pourquoi les collègues de cet excentrique personnage lui serrèrent affectueusement la main, pourquoi