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dernière excentricité.

Le hall intérieur resplendissait de l’éblouissante lueur des lampes électriques et des lustres de la voûte. Entre les lampadaires apparut le magnifique catafalque, tel qu’il était trois mois et demi avant, lorsque les portes s’étaient refermées à l’issue des obsèques auxquelles prit part la ville entière.

L’Excentric Club, son président en tête, pénétra dans le hall. Maître Tornbrock, en habit noir, en cravate blanche, toujours lunetté d’aluminium, entra après eux. Les six partenaires les suivirent, accompagnés de tout ce que le hall funéraire pouvait contenir de spectateurs.

Un profond silence régnait au dedans comme au dehors de l’édifice, — témoignage d’une émotion non moins profonde, — et Jovita Foley n’était pas la moins émue de toute l’assistance. On sentait vaguement que le mot de l’énigme, en vain cherché depuis le tirage du 24, allait être enfin prononcé, et que ce mot serait un nom, — le nom du gagnant du match Hypperbone.

Il était onze heures trente-trois minutes, lorsqu’un certain bruit se fit entendre à l’intérieur du hall. Ce bruit venait du catafalque, dont le drap mortuaire glissa jusqu’au sol comme s’il eût été tiré par une invisible main.

Et alors, ô prodige ! tandis que Lissy Wag se pressait au bras de Max Réal, le couvercle de la bière se soulevait, le corps qu’elle contenait se redressa… Puis, un homme apparut debout, vivant, bien vivant, et cet homme n’était autre que le défunt, William J. Hypperbone !

« Grand Dieu !… » s’écria Jovita Foley, dont le cri ne fut entendu que de Max Réal et de Lissy Wag, au milieu du brouhaha de stupéfaction qui s’éleva de toute l’assistance.

Et elle ajouta, les mains tendues :

« C’est le vénérable monsieur Humphry Weldon ! »

Oui, le vénérable monsieur Humphry Weldon, mais d’un âge moins vénérable que lors de sa visite à Lissy Wag… Ce gentleman et William J. Hypperbone ne faisaient qu’un…