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la cloche d’oakswoods.

moins désespéré de l’insuccès de son maître que Jovita Foley l’était de celui de Lissy Wag.

« Mais résigne-toi donc, ma pauvre Jovita !… lui répétait Lissy Wag. Tu sais bien que je n’ai jamais compté…

— Mais moi j’y comptais !

— Tu avais tort.

— Après tout, d’ailleurs, tu n’es pas à plaindre !

— Et je ne me plains pas… répondit en souriant Lissy Wag.

— Si l’héritage Hypperbone t’échappe, tu n’es plus du moins une pauvre fille sans fortune…

— Comment cela ?…

— Sans doute, Lissy !… Après cet X K Z qui est arrivé le premier au but, c’est toi qui en a le plus approché, et le produit des primes te revient tout entier…

— Ma foi, Jovita, je n’y pensais guère…

— Et moi j’y pense pour toi, insouciante Lissy, et il y a là une grosse petite somme dont tu es la légitime propriétaire ! »

En effet, les mille dollars au pont du Niagara, les deux mille à l’hôtellerie de la Nouvelle-Orléans, les deux mille au labyrinthe du Nebraska, les trois mille à la Vallée de la Mort de la Californie, et les neuf mille successivement versés à la prison du Missouri, cela se chiffrait par dix-sept mille dollars[1], qui appartenaient sans conteste et d’après la teneur du testament, au second arrivant, soit la cinquième partenaire. Pourtant, ainsi que venait de le dire Lissy Wag, elle n’y avait point songé et songeait à bien autre chose.

Toutefois, il était une personne dont Max Réal n’aurait pu être jaloux, mais à laquelle pensait quelquefois sa fiancée, — car il est superflu de dire que le mariage du jeune peintre et de la jeune fille avait été décidé. Cette personne, on le devine, était l’honorable Humphry Weldon, qui avait honoré de sa visite la maison de Sheridan Street pendant la maladie de Lissy Wag, et auquel était dû l’envoi

  1. 85000 francs.