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le testament d’un excentrique.

Richmond, à quoi bon y prolonger son séjour ?… À ce dernier argument, présenté par Jovita Foley avec une insistance qui ne devait pas déplaire, qu’aurait pu répondre Lissy Wag ?…

Donc, le 21, dans la matinée, toutes deux se firent conduire à la gare. Le train, après avoir traversé la Virginie orientale, la Virginie occidentale et l’Ohio, les déposerait le soir même dans la capitale de l’Indiana, — un parcours de quatre cent cinquante milles.

Or, il arriva ceci : c’est qu’elles furent accostées sur le quai par un gentleman des plus polis, lequel dit en s’inclinant :

« C’est bien à miss Lissy Wag et à miss Jovita Foley que j’ai l’honneur de parler ?…

— À elles-mêmes, répondit la plus pressée des deux.

— Je suis le majordome de mistress Migglesy Bullen, et mistress Migglesy Bullen serait heureuse si miss Lissy Wag et miss Jovita Foley acceptaient de monter dans son train, qui les mènerait à Indianapolis ?…

— Viens, » dit Jovita Foley, sans donner à Lissy Wag le temps de réfléchir.

Le majordome les accompagna vers une voie de garage sur laquelle attendait un train comprenant une locomotive, toute reluisante d’astiquage, un wagon-salon, un wagon-salle à manger, un wagon-chambre à coucher, un deuxième fourgon, à l’arrière, aussi luxueux à l’intérieur qu’à l’extérieur — un vrai train royal, impérial ou présidentiel.

C’est ainsi que se déplaçait mistress Migglesy Bullen, une des plus opulentes Américaines de l’Union. Rivale des Whitman, des Stevens, des Gerry, des Bradley, des Sloane, des Belmont, etc., qui ne naviguent que sur leurs propres yachts et ne voyagent que dans leurs propres trains, en attendant qu’elles ne le fassent que sur leurs propres railroads, mistress Migglesy Bullen était une aimable veuve de cinquante ans, propriétaire d’inépuisables mines de pétrole, — autant dire de mines de dollars.