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le testament d’un excentrique.

milles entre Fargo et Yankton, Harris T. Kymbale était assuré d’être là avant l’heure du meeting.

Par bonne chance, la dernière section du railroad entre la station de Medary et Sioux Falls City venait d’être achevée, et c’était ce jour même qu’elle allait être livrée à la circulation. Aussi Harris T. Kymbale ne serait-il pas dans la nécessité de faire en voiture ou à cheval une partie du trajet, ainsi qu’il y avait été obligé pendant son voyage au New Mexico et en Californie.

Il franchit donc la limite conventionnelle qui sépare les deux Dakota, et il était onze heures, lorsque le train s’étant arrêté près de la petite bourgade de Medary sur le bord de la Big Sioux River, il vit tous les voyageurs en descendre.

S’adressant alors à un employé, qui était de service sur le quai de la gare :

« Est-ce que le train s’arrête ici ?… questionna-t-il.

— Ici même, répondit l’employé.

— Ce n’est donc pas aujourd’hui qu’on inaugure la section entre Medary et Sioux Falls City ?…

— Non, monsieur.

— Et quand donc ?…

— Demain. ».

Cela était de nature à contrarier Harris T. Kymbale, car les deux stations sont séparées par une soixantaine de milles, et, en prenant une voiture, il arriverait trop tard pour assister au meeting de l’honorable M. Heldreth.

Or, précisément voici qu’il aperçoit, dans la gare de Medary, un train prêt à démarrer dans la direction de Yankton.

« Et ce train ?… demande-t-il.

— Oh ! ce train… répond l’employé d’un ton singulier.

— Est-ce qu’il ne va pas partir ?…

— Si… à midi treize…

— Pour Yankton ?…

— Oh !… Yankton ! » réplique l’employé en hochant la tête.