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le testament d’un excentrique.

eût été se perdre dans les oubliettes du passé. Il se trouvait donc à son poste, brisé de fatigue, éreinté moralement et physiquement, et comment s’en étonner après cette merveilleuse performance des cyclistes professionnels Will Stanton et Robert Flock ? Tombé presque évanoui sur un banc du Post Office, il avait cependant pu répondre : « Présent », lorsque l’employé avait dit : « Un télégramme pour Harris T. Kymbale. »

Quelques minutes plus tard, ayant recouvré l’entière possession de lui-même, grâce à un énergique mélange de wisky et de gin, il prit connaissance du télégramme ainsi conçu :

Chicago, 8 h. 13................
« Kymbale, Olympia, Washington.
« Neuf par cinq et quatre, South Dakota, Yankton.
« Tornbrock »...........

Ainsi donc, le tirage du 18 juin avait été maintenu à cette date, bien qu’il eût pu être avancé de quarante-huit heures, puisqu’il concernait Hermann Titbury. Mais Hermann Titbury était chambré à la Nouvelle-Orléans, où il devait rester pendant le temps réglementaire, et le couple ne cherchait qu’à s’étourdir sur sa propre situation au prix de deux cents dollars quotidiens à Excelsior Hotel. Il avait paru logique à maître Tornbrock et aux membres de l’Excentric Club de ne point modifier les dates de tirages, afin de ne pas diminuer les délais affectés aux déplacements des divers partenaires, et c’était interpréter de juste façon les intentions de William J. Hypperbone.

En somme, le chroniqueur en chef de la Tribune aurait eu mauvaise grâce à se plaindre de ce dernier coup des dés. Il n’était pas obligé de revenir dans la partie trop connue du territoire fédéral, et il allait traverser une région nouvelle pour lui en se rendant au South Dakota, à moins de treize cents milles de l’État de Washington.

En outre, il faut remarquer que Harris T. Kymbale, en prenant