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la prison du missouri.

— Lequel ?…

— Ce serait si les dés amenaient le point de huit, puisqu’il la renverrait en prison…

— Ça !… jamais !… s’écria Jovita Foley.

— Et cependant, répondit en souriant la jeune fille, j’aurais à mon tour le bonheur de délivrer monsieur Réal !…

— Très sincèrement, miss Wag, affirma le jeune homme, je ne le souhaite pas…

— Ni moi !… déclara la pétulante Jovita Foley.

— Et alors, monsieur Réal, demanda Lissy Wag, quel est le meilleur point que je doive désirer ?…

— Celui de douze, puisqu’il vous enverrait à la cinquante-sixième case, État de l’Indiana, et non dans les lointaines régions du Far West.

— Parfait, déclara Jovita Foley, et au tirage suivant, nous pourrions arriver au but ?…

— Oui, avec le point de sept.

— Sept !… s’écria Jovita Foley, un battant des mains. Sept… et la première des Sept !

— Dans tous les cas, ajouta Max Réal, vous n’avez point à redouter la cinquante-huitième case, celle de Death Valley où succomba le commodore Urrican, puisqu’il faudrait amener le point de quatorze, ce qui ne se peut. Et maintenant, je vous renouvelle, miss Wag, les vœux très sincères que j’avais formés pour vous au début, puissiez-vous être victorieuse, c’est ce que je souhaite le plus au monde ! »

Lissy Wag ne répondit que par un regard où se peignait une vive émotion.

« Décidément, se dit Jovita Foley, c’est qu’il est vraiment très bien, ce monsieur Réal, un artiste de talent et plein d’avenir !… Et qu’on ne vienne pas arguer de la position modeste de Lissy Wag… Elle est charmante, charmante, et encore charmante, et elle vaut, certes, les filles des millionnaires, qui vont chercher des titres en