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la prison du missouri.

la situation, et il importerait peu que l’un atteignit le but plutôt que l’autre !… »

Ah ! comme elle connaissait bien le cœur humain, et en particulier celui de son amie !

Tous les trois se mirent à causer des péripéties du match, des incidents survenus au cours du voyage, des beautés naturelles qu’ils avaient pu admirer en allant d’un État à l’autre, les merveilles du Parc National du Yellowstone que Max Réal ne devait jamais oublier, les merveilles des grottes du Kentucky, dont Lissy Wag et Jovita Foley conserveraient l’éternel souvenir.

Puis elles racontèrent ce qui s’était produit à propos des trois mille dollars. Sans le généreux envoi de M. Humphry Weldon, fait dans des termes qui ne permettaient pas de le refuser, Lissy Wag aurait dû se retirer de la partie.

« Et quel est ce monsieur Humphry Weldon ?… demanda Max Réal, un peu inquiet.

— Un excellent et digne vieillard… qui s’intéressait à nous… répondit Jovita Foley.

— Comme parieur, sans doute… ajouta Lissy Wag.

— Et en voilà un qui est bien sûr d’empocher ses paris ! » déclara Jovita Foley.

Et ce que ne dit pas Max Réal, c’est que lui aussi avait eu la pensée de mettre cette somme à la disposition de la jeune prisonnière… Mais à quel titre eût-elle pu l’accepter ?…

Enfin, cette journée et celle du lendemain, Max Réal et les deux amies les passèrent ensemble, en causeries, en promenades. Si Lissy Wag se montrait extrêmement chagrine de cette mauvaise chance de Max Réal, celui-ci se montrait tout heureux que Lissy Wag en eût profité. Et, en effet, depuis vingt-quatre heures un revirement s’était produit dans les agences en faveur de la cinquième partenaire. Aussi les reporters de venir assidûment à Lincoln Hotel afin d’interviewer Lissy Wag, qui se refusait toujours à les recevoir, et les parieurs d’abandonner l’ancien favori pour la nouvelle favorite !