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la prison du missouri.

— Attendons… attendons, ma pauvre chérie !

— Attendons… quoi ?…

— Je ne sais pas !… D’ailleurs… nous avons quinze jours pour nous rendre à la prison…

— Mais non pour payer la prime, Jovita, et c’est cela qui nous embarrasse le plus…

— Oui… Lissy… oui !… Enfin… attendons…

— Ici ?…

— Non, par exemple ! »

Et ce « non », sorti du cœur de Jovita Foley, répondait bien au changement des dispositions manifestées jusqu’alors à la cinquième partenaire par les hôtes de Mammoth Hotel.

En effet, Lissy Wag se voyait déjà délaissée depuis ce déplorable coup de dés. Favorite de la veille, elle n’était plus la favorite du lendemain. Les parieurs, les coureurs de « boom », qui avaient ponté sur elle, l’auraient volontiers couverte de malédictions. En prison, la malheureuse irait en prison, et la partie serait certainement achevée avant qu’elle eût été délivrée ! Aussi, dès la première heure, le vide se fit-il autour d’elle. C’est ce que Jovita Foley avait parfaitement vu, et comme cela était humain, n’est-il pas vrai ?

Bref, dès ce jour-là, repartirent la plupart des touristes, puis le gouverneur de l’Illinois. Et il est bien probable que John Hamilton regrettait à cette heure les grades honorifiques qu’il avait accordés aux deux amies. Il suit de là que le colonel Wag et le lieutenant-colonel Foley ne feraient plus que triste figure au milieu de la milice illinoise.

Le jour même, l’après-midi, elles réglèrent leur note à Mammoth Hotel, et prirent le train pour Louisville, afin d’y attendre… quoi ?…

« Ma chère Jovita, dit alors Lissy Wag, au moment de descendre du train, sais-tu ce qu’il y aurait à faire ?…

— Non, Lissy, je n’ai plus la tête à moi !… Je suis toute désorientée !