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le testament d’un excentrique.

doute, il est fâcheux que la ligne soit momentanément interrompue ; mais le train va vous conduire à la station de Shasta, où vous trouverez des chevaux tout prêts. Un guide, connaissant bien le pays, vous mènera par le plus court à Roseburg, où vous reprendrez le Southern Pacific pour Olympia.

— Il ne me reste donc qu’à vous remercier de votre obligeance, monsieur Walter…

— Non point, monsieur Kymbale, c’est moi qui vous remercie puisque je vous ai pris…

— À combien ?… demande vivement le journaliste.

— À un contre cinq.

— Eh bien, cher confrère, cinq bonnes poignées de main par reconnaissance…

— Le double, si vous voulez, monsieur Kymbale, et, maintenant, bon voyage !… »

La locomotive siffla, le train se mit en route et disparut au tournant de la voie dans la direction de Marysville qu’il atteignit près de Feather River.

Une circonstance fâcheuse, c’est que ce train ne marchait pas à grande vitesse. Il s’était arrêté à chaque station, à Ewings, à Woodland. Il est vrai, la voie ne cessait de monter, afin de gagner cette région de la Haute-Californie d’une altitude considérable au-dessus du niveau de la mer.

Le train s’arrêta à Marysville, cité qui, de même que Oroville et Placerville, est délaissée, depuis que, les chercheurs d’or en ayant vidé « les poches », la vogue est aux mines des territoires du Nord et de l’Alaska. Seule, Marysville offre quelque résistance à cet abandon, parce que sa situation, au confluent des rivières Yuba et Feather, lui assure un mouvement de batellerie qui étend son commerce sur toute la région.

Au delà, il fallut compter avec les haltes de Gridley, Nelson, Chico, Tehama, où des rampes, très accentuées, exigèrent de la locomotive de plus grands efforts au préjudice de sa rapidité.