Page:Verne - Le Testament d’un excentrique, Hetzel, 1899.djvu/392

Cette page a été validée par deux contributeurs.
370
le testament d’un excentrique.

au North Dakota. Lissy Wag au Missouri, et le commodore Urrican au Wisconsin.

En somme, si déplorable qu’il fût pour Hermann Titbury, il n’en était pas moins très singulier, et il fallait être l’objet d’une infernale déveine pour qu’il se fût produit.

Qu’on en juge, les dés avaient amené cinq par deux et trois, point qui de la quatrième case aboutissait à la neuvième. Or, la neuvième étant une case de l’Illinois, il y avait lieu de le doubler, et la quatorzième étant encore illinoise, le tripler. Cela donnait en tout quinze points qui conduisaient à la dix-neuvième case, Louisiane, Nouvelle-Orléans, marquée comme hôtellerie sur la carte de William, T. Hypperbone.

En vérité, impossible d’être plus malheureux !

M.  et Mrs Titbury rentrèrent à l’hôtel, au milieu des plaisanteries des assistants, avec la démarche de gens qui ont reçu un formidable coup de massue sur le crâne. Mais Mrs Titbury avait la tête plus solide que son mari, et ne resta pas, comme lui, assommée sur place.

« À la Louisiane !… à la Nouvelle-Orléans !… répétait M. Titbury, en s’arrachant les cheveux. Ah ! pourquoi avons-nous été assez niais pour courir ainsi…

— Et nous courrons encore ! déclara Mrs Titbury en se croisant les bras.

— Quoi… tu songes ?…

— À partir pour la Louisiane.

— Mais c’est au moins treize cents milles à faire…

— Nous les ferons.

— Mais nous aurons à payer une prime de mille dollars…

— Nous la payerons.

— Mais nous aurons à rester deux coups sans jouer…

— Nous ne les jouerons pas.

— Mais il y aura une quarantaine de jours à passer dans cette ville où la vie est hors de prix, paraît-il…

— Nous les y passerons !