Page:Verne - Le Testament d’un excentrique, Hetzel, 1899.djvu/389

Cette page a été validée par deux contributeurs.
368
le testament d’un excentrique.

brigand de Bill Arrol, il serait le bien venu. Or, ainsi que l’avait déclaré le magistrat de Great Salt Lake City, il fallait le prendre pour le pendre, et il ne semblait pas qu’il dût l’être de sitôt.

Certes, ce fétiche, qui eût assuré à Hermann Titbury le gain de la partie, n’aurait pas été payé trop cher au prix des trois mille dollars qui lui avaient été volés à Cheap Hotel. Mais, en attendant, le Pavillon Bleu ne possédait plus un cent, et furieux et non moins désappointé des réponses ironiques du shérif, il quitta le poste de police pour rejoindre Mrs Titbury.

« Eh bien, Hermann, lui demanda-t-elle, ce coquin, ce misérable Inglis ?…

— Il ne s’appelle pas Inglis, répondit M. Titbury en tombant sur une chaise, il s’appelle Bill Arrol…

— Est-il arrêté ?…

— Il le sera.

— Quand ?…

— Quand on aura pu mettre la main sur lui.

— Et notre argent ?… Nos trois mille…

— Je n’en donnerais pas un demi-dollar ! »

Mrs Titbury s’écroula à son tour sur un fauteuil, — en ruines. Cependant, comme cette maîtresse femme avait la réaction prompte, elle se releva, et, lorsque son mari, au dernier degré de l’accablement, lui dit :

« Que faire ?…

— Attendre.

— Attendre… quoi ?… Que ce bandit d’Arrol…

— Non… Hermann… attendre le télégramme de maître Tornbrock, qui ne tardera pas… Puis nous aviserons…

— Et de l’argent ?…

— Nous avons le temps d’en faire venir, quand bien même nous serions envoyés à l’extrémité des États-Unis…

— Ce qui ne m’étonnerait pas, avec la déveine qui ne nous épargne guère.