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le testament d’un excentrique.

de large encolure, — des hommes maigres et moyens. Toutefois, ce qu’ils n’avaient pas en vigueur, ils l’avaient — on va le voir — en souplesse, adresse et agilité.

En un instant, Vincent Bruck et Hugh Hunter furent sur les deux boxeurs. John Milner, ayant essayé de retenir le clergyman au passage, en reçut une maîtresse gifle qui l’étendit sur le sol où il resta à demi pâmé.

Une seconde après, Cavanaugh était gratifié d’un coup de poing que le shérif lui administra sur l’œil gauche, tandis que le révérend écrasait l’œil droit de Tom Crabbe.

Les deux professionnels voulurent assommer les assaillants. Mais ceux-ci, évitant leur attaque, sautant, cabriolant avec une prestesse de singes, esquivèrent à merveille les plus violentes ripostes.

Et, à partir de ce moment, — ce qui ne saurait surprendre, puisque cela se passait au milieu d’un groupe de connaisseurs — c’est à Vincent Bruck et à Hugh Hunter qu’allèrent les applaudissements, les hurrahs, les hips.

Bref, le méthodiste se montra si particulièrement méthodique dans sa manière d’opérer selon toutes les règles de l’art, qu’après avoir fait de Tom Crabbe un borgne, il en fit un aveugle en lui plaquant l’œil gauche au fond de l’orbite.

Enfin, quelques policemen apparaissant, le mieux était de décamper au plus vite, et c’est ce qui fut fait.

Ainsi se termina ce mémorable combat à l’avantage et aussi à l’honneur d’un shérif et d’un clergyman, lesquels avaient combattu pour la loi et pour la religion.

Quant à John Milner, une joue gonflée, un œil frit, il ramena Tom Crabbe à Philadelphie, où tous deux, confinés dans une chambre d’hôtel cachèrent leur honte, en attendant l’arrivée de la prochaine dépêche.