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le testament d’un excentrique.

Pendant qu’il courait le pays, Max Réal s’était peu occupé de ses partenaires, ne lisant guère les journaux des hôtels ou des gares. Mais, rien qu’à examiner cette carte, dès qu’il connaîtrait les couleurs de chacun des Sept, il serait au courant. D’ailleurs, sa mère avait suivi les péripéties du match Hypperbone depuis le début.

« Et, d’abord, demanda-t-il, quel est ce pavillon bleu, qui est en tête ?…

— Celui de Tom Crabbe, mon fils, que le tirage d’hier, 31 mai, envoie à la quarante-septième case, État de Pennsylvanie…

— Eh ! mère, voilà qui doit réjouir son entraîneur, John Milner !… Quant à ce stupide boxeur, ce fabricant de coups de poing, s’il y comprend quelque chose, je veux que l’ocre se change en vermillon sur ma palette ! — Et ce pavillon rouge ?…

— Le pavillon X K Z, planté sur la quarante sixième case, District de Columbia. »

En effet, grâce au point de dix redoublé, soit vingt, l’homme masqué avait fait un saut de vingt cases, de Milwaukee du Wisconsin à Washington, la capitale des États-Unis d’Amérique, — déplacement facile et rapide en cette partie du territoire où le réseau des chemins de fer est si serré.

« On ne soupçonne pas qui il est, cet inconnu ? demanda Max Réal.

— En aucune façon, mon cher enfant.

— Je suis sûr, mère, qu’il doit faire bonne figure dans les agences et avoir de gros parieurs…

— Oui… Beaucoup de gens croient à ses chances, et à moi-même… il inspire certaines craintes.

— Voilà ce que c’est que d’être un personnage mystérieux ! » déclara Max Réal.

Actuellement, cet X K Z se trouvait-il à Chicago ou était-il déjà parti pour le District de Columbia, nul n’aurait pu répondre à cette question. Et, cependant, Washington, si ce n’est qu’un centre administratif, sans industrie, sans commerce, mérite bien que les visiteurs lui consacrent quelques jours.