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à la maison de south halstedt stret.

ferrées, permettant de franchir en vingt-quatre heures la distance qui sépare les deux métropoles. Donc, puisque Max Réal disposait d’une quinzaine de jours, — du 29 mai au 12 juin, — il pouvait, comme on dit, en prendre à son aise, et de se reposer une semaine dans la maison maternelle lui parut tout indiqué.

Parti de Cheyenne dès l’après-midi, il était arrivé quarante-huit heures après à Omaha, puis le lendemain à Chicago, bien portant, — bien portant aussi l’esclavagiste Tommy, toujours aussi embarrassé de sa situation de libre citoyen de la libre Amérique qu’un pauvre diable peut l’être de vêtements trop larges pour lui.

Pendant son séjour, Max Réal se proposait de terminer deux des toiles qu’il avait ébauchées en route, — l’une, un site de Kansas River près de Fort Riley, l’autre, une vue des cascades du Fire Hole dans le Parc National. Assuré de vendre ces deux tableaux un bon prix, cela lui servirait à s’acquitter si la mauvaise fortune le condamnait à payer plusieurs primes au cours de ses voyages.

Mme Réal, enchantée de garder son cher fils pendant quelques jours, accepta toutes ces raisons, et pressa encore une fois Max sur son cœur.

On causa, on se raconta les choses, on fit un de ces bons déjeuners qui ont tant de charmes entre mère et fils, et cela remit le jeune peintre des restaurations du Kansas et du Wyoming. Bien qu’il eût plusieurs fois écrit à Mme Réal, il dut reprendre le récit de son voyage par le début, en narrer les divers incidents, aventure des milliers de chevaux errants dans les plaines du Kansas, rencontre des époux Titbury à Cheyenne. C’est alors que sa mère lui apprit les lamentables tribulations de ce couple à Calais de l’État du Maine, comment, à propos de la loi sur les boissons alcooliques, une contravention avait été relevée à l’égard de M. Titbury, et quelles en furent les conséquences pécuniaires.

« Et maintenant, demanda Max Réal, où en est la partie ?… »

Pour la lui mieux faire connaître, Mme Réal le conduisit à sa chambre, et lui montra une carte étalée sur une table, où étaient piqués de petits pavillons de différentes couleurs.