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la vallée de la mort.

train sur une voie de garage, de manière à laisser la circulation libre.

Le voyageur, suivi de son compagnon, se dirigea alors vers la sortie, et se trouva en présence d’un individu qui guettait son arrivée.

« La voiture est là ?… demanda-t-il d’un ton bref.

— Depuis hier.

— En état ?…

— En état.

— Partons. »

Un instant après, les deux voyageurs étaient installés à l’intérieur d’une confortable automobile, actionnée par un puissant mécanisme, qui roulait rapidement dans la direction de l’est.

On a reconnu dans l’un de ces voyageurs le commodore Urrican, dans l’autre son fidèle Turk, bien qu’ils ne se fussent abandonnés à leur irascibilité naturelle ni contre le mécanicien du train spécial, qui, d’ailleurs, était en gare à l’heure dite, ni contre celui de l’automobile qui était à son poste à Keeler.

Et maintenant, par quel miracle, Hodge Urrican, à demi mort dans le Post Office de Key West le 25 mai, reparaissait-il huit jours plus tard dans cette petite ville californienne, à près de quinze cents milles de la Floride ?… En quelles conditions vraiment exceptionnelles s’était effectué ce parcours en un temps si limité ?… Comment enfin, le sixième partenaire, poursuivi par une infernale malchance, et qui ne semblait plus en état de continuer la partie, était-il là, plus résolu que jamais à la jouer jusqu’au bout ?…

On n’a pas oublié que le naufragé de la Chicola avait été transporté, sans avoir recouvré connaissance, dans le bureau du télégraphe de Key West. La dépêche, expédiée le matin même de Chicago, était arrivée à midi précis. Et quel déplorable résultat elle annonçait… Un malheureux coup, s’il en fût, — cinq par deux et trois !

Grâce à ce coup, le commodore allait de la cinquante-troisième case à la cinquante-huitième, de la Floride à la Californie, tout le