Page:Verne - Le Testament d’un excentrique, Hetzel, 1899.djvu/329

Cette page a été validée par deux contributeurs.
312
le testament d’un excentrique.

— C’est folie pure, répondit Lissy Wag, et cela finira mal, je le crains…

— Veux-tu te taire, ma chérie, ou j’oublie que tu es mon supérieur, et je te manque de respect ! »

Et, là-dessus, après un bon baiser, elle se coucha et ne tarda pas à rêver qu’elle était nommée « générale ».

Le lendemain, dès huit heures, le monde de l’hôtel se pressait devant le bureau du télégraphe, en attendant la dépêche expédiée de Chicago par les soins de maître Tornbrock.

Il serait malaisé de peindre l’émotion de ce public sympathique qui entourait les deux amies. Où le sort allait-il les diriger ?… Seraient-elles envoyées au bout de l’Amérique ?… Prendraient-elles une grande avance sur leurs concurrents ?…

Une demi-heure après, le timbre de l’appareil résonna.

Une dépêche arrivait au nom de Lissy Wag, Kentucky, Mammoth Hotel, Mammoth Caves.

Un profond, on pourrait dire un religieux silence s’établit au dedans comme au dehors du bureau.

Et quelle fut la stupéfaction, le désappointement, le désespoir même, lorsque Jovita Foley lut d’une voix tremblante :

« Quatorze par sept redoublé, cinquante-deuxième case, Saint-Louis, État Missouri.

« Tornbrock. »

C’était la case de la prison, où, après avoir payé une triple prime, allait rester la malheureuse Lissy Wag jusqu’au moment où un non moins malheureux partenaire viendrait la délivrer en prenant sa place !