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les grottes du kentucky.

Il était inutile de se ruiner en dépenses d’hôtel, et plus économique de rester chez soi. Il eût même été sage d’y demeurer jusqu’à la veille du jour où le télégramme de maître Tornbrock arriverait au Kentucky. Mais, le 27, Jovita Foley n’y tint plus, et elle dit :

« Quand partons-nous ?…

— Nous avons le temps, répondit Lissy Wag. Songes-y… jusqu’au 6 juin, et nous ne sommes encore qu’au 27 mai. Cela fait dix jours complets, et, tu le sais, on peut se rendre au Kentucky en vingt-quatre heures.

— Sans doute, Lissy, mais ce n’est pas seulement au Kentucky que nous allons, ni à Francfort, sa capitale. C’est aux Mammoth Caves, une des merveilles des États-Unis et même, paraît-il, des cinq parties du monde !… Quelle occasion de visiter ces grottes, ma chérie, et quelle excellente idée ce digne monsieur Hypperbone a eue de nous y envoyer…

— Ce n’est pas lui, Jovita, ce sont les dés avec leur point de douze…

— Voyons… voyons…, n’est-ce pas lui qui a choisi Mammoth Caves dans l’État du Kentucky ?… Aussi je lui en saurais gré toute ma vie… et même toute la sienne, s’il ne reposait dans le cimetière d’Oakswoods !… Il est vrai, s’il n’était pas dans l’autre monde, nous n’aurions pas lieu de courir après son héritage… Enfin… quand partons-nous ?…

— Aussitôt que tu le voudras…

— Alors… demain matin…

— Soit… mais, ajouta Lissy Wag, nous devrons une dernière visite à M. Marshall Field…

— Tu as raison, Lissy. »

Au cours de cette visite, M. Marshall Field et le personnel de ses magasins ne ménagèrent ni les compliments ni les encouragements à la cinquième partenaire et à son inséparable compagne.

Le lendemain, un express emportait les voyageuses pendant cent trente milles, à travers l’Illinois jusqu’à Danville, près de la fron-